le camp de la transportation à Saint Laurent du Maroni

Publié le par benoitvoiriot.guyane.over-blog.com

Bonjour à toutes et à tous et veuillez m'excuser de ma longue absence mais le retour en métropole puis la visite de cathy et les filles ont fait que je vous ai délaissé fortement. Mais tout va rentrer dans l'ordre et les articles vont continuer fréquement.

Aujourd'hui, un article sur le camp de la transportation que j'ai visité deux fois, une fois avec Catherine et Jean Yves, mes copains de Saint Laurent et une autre fois avec Cathy, Justine et Maïlys.

 

entrée camp Entre 1852 et 1953, environ 70 000 condamnés seront passés dans les camps implantés sur le territoire du département de la Guyane. On comptabilise environ 122 camps dont le point de départ était celui de saint Laurent du Maroni.

 

Partis de Saint Martin de Ré, ils embarquent sur la "Martinière" et arrivent à Saint Laurent du Maroni, après 14 jours de traversée. Saint Laurent est ville construite pour et par les bagnards.

Toute la population de la ville assistait au débarquement des bagnards qui se dirigeaient dès leur arrivée devant l'entrée de ce camp où ils allaient y être enfermés pendant des années.

 

débarquement à slmCe tableau est de Francis Lagrange, peintre bagnard, qui a fortement illustré par ces desseins ce que pouvait être la vie du bagne. Il en a réalisé quinze que vous trouverez au cours de cet article. Francis Lagrange a été condamné au bagne à perpetuité pour ses talents de faussaire en fausse monnaie. Lorsque l'on voit la qualité de ses tableaux, on imagine la qualité de sa fausse monnaie.

entrée bagne     habitattion gardienEn regardant ces bâtiments allignés, on ne peut s'empêcher d'imaginer les camps de déportations nazis, et pourtant nous sommes sur un territoire français.

 

batiment d reléguésentrée du camp de la transportationDès leur arrivée, ils étaient divisés en deux groupes = les transportés (suite à une condamnation aus assises => un vol de pain suffisait pour être condamné au bagne) et les relégués. Ces derniers après être passés quelques jours ici (les récidivistes qui avaient déjà purgé leurs peines dans les prisons de métropôle étaient systématiquement condamnés à une peine subsidiaire égale à leurs durées initiales => la relégation permettait de "débarrasser" le sol français des vagabonds, voleurs ou autres et Napoléon III était fier de n'avoir sur le sol français que d"honnêtes citoyens".)

Ils étaient conduits à pied au camp de Saint Jean du Maroni, distant de 15 km environ de Saint Laurent.

 

 

Dès leur débarquement de l'embarcadère de Saint Laurent, la colonne, forte de 200 à 300 têtes, arrivait devant l'entrée du camp surmontée d'une inscrition "camp de la transportation"

 

transport de la france vers st laurent  La colonne passait ensuite, en marchant dans le sable blanc, entre deux rangées de six cases sans étages. Ces cases pouvaient contenir chacune 60 prisonniers environ.

 vue maison gardienles conditions de logement, comme de vie, ont été décrites par le docteur Rousseau, médecin du bagne pendant deux ans   et qui disait "les condamnés à la peine de travaux forcés sont logés dans de longs bâtiments ne comportant qu'un rez de chaussée, qu'on désigne sous le nom de "cases". Celles-ci sont au niveau du sol ou à peine surélevées. Leur plancher est un bétonnage rugueux, sans plafond. La toiture est faite de tôles ondulées, la chaleur y est insupportable. Il n'y a jamais qu'une porte, qu'elle que soit la longueur du batiment. Les fenêtres ne laissent rien voir et peu d'air circule dans ces bâtiments."

 

    cathy devant les cuisines     Et oui c'est Cathy que vous voyez, et Mama sur la photo suivante qui s'amuse à prendre son père en photo, avec en arrière plan les cuisines du camp. Ces cuisines servaient aux repas des quelques 1500 hommes qui étaient enfernés ici en permanence.

 

Leurs conditions de détention étaient effroyables. Jusqu'en 1928, un plan incliné bétonné, recouvert de planches juxtaposées ou "bat-flanc" allait d'un bout de la case à l'autre. Les hommes couchaient tous ensemble, alignés et enchainés à l"anneau de justice" sur le lit commun, quelquefois très encombré et d'une saleté repoussante (ils ne disposaient que de deux heures pour leurs besoins) et où chaque individu ne disposait que de 50 cm à sa disposition. A partir de 1928, ils eurent chacun un hamac. cathy et mama

 

 

                     Au bout de ces cases, sont les cabinets d'aisance avec les tinettes. Ces cabinets s'ouvrent sur la salle commune. L'air des cases est toujours empuanti. Les hommes n'ont aucun moyen de détersion à leur disposition. Un baquet d'eau est mis à leur disposition dans la case et quand ils vont aux cabinets, ils y plongent une vieille boite de conserve que chacun a récupéré dans les ordures pour cet usage.

Or ce baquet est celui de l'eau potable dans lequel ils plongent aussi leur quart. On peut de douter de la qualité de l'eau lorsque 50 à 60 individus y ont plongé leur quart et leur boite qui les accompagnet aux cabinets.

 

Les cases n'étaient jamais lavées, même si le lavage est prévu mais laissé à l'initiative d'un condamné, gardien de case. Celui-ci lors de la saison des pluies, faisait laver à grande eau les cases mais pendant six mois de saisons sèches, on préférait garder l'eau donc les années se succèdent sans que les cases ne soient blanchies à la chaux (les punaises, les puces, tiques, cafards, moustiques... s'allient pour faire passer de longues nuits d'insomnies aux hommes de ces lieux surchargés d'odeur empestés par le tbac, les lumignons fumigineux et l'odeur pestillantielle des tinettes).

 

La suite sera le quartier disciplinaire où étaient enfernés les "durs" entrée réclusion bagne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais ce sera pour demain... A bientôt

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B
<br /> Cher Monsieur, tout ce qui est excessif perd de sa valeur. On a beau comme moi être révulsé par bien des aspects noirs de la Transportation que j'étudie depuis un quart de siècle<br /> (que ce soit bien clair), de la à l'assmililer à "la déportation nazie".... D'abord, les gens étaient là pour ce qu'ils avaient fait (dans la très grande majorité des cas: des crimes) et pas pour<br /> ce qu'ils étaient (juifs, tsiganes, homos, etc.). Puis il faut comparer leurs conditions de vie avec celle des ouvriers et journaliers agricoles de l'époque, voire des militaires dont les<br /> casernes n'étaient guère plus "confortables". Ensuite et aussi paradoxal que ça paraisse, la majorité des transportés poussaient un "ouf" de soulagement lorsqu'ils étaient enfin mis dans les<br /> mains des "coloniaux" tant les prisons françaises (régime de la réclusion que ne subissaient en Guyane que les condamnés par le TMS) étaient dures. N'oubliez pas que les Transportés quittaient le<br /> camp le matin pour en revenir le soir (corvées, ateliers) et que les camps excentrés qui vous auraient sans doute semblé plus "riants" étaient infiniment plus durs. N'oubliez pas non plus que le<br /> vrai bagne commençait non pas dans ces "camps nazis" mais à la libération quand on n'avait plus sa pitance certes insuffisante et peu variée mais versée quotidiennement.<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> bagnedeguyane.fr<br />
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V
<br /> <br /> Merci Benoit. C'est très intéressant ! tu as raté ta vocation .....tu aurais pu faire prof d'histoire. Bises Viviane<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Oh faut pas exagérer mais c'est vrai que la passerelle état/territoriale m'interresse et l'histoire a tjs été mon truc.<br /> <br /> <br /> Mais l'enseignement rémunère trop mal, je préfère la territoriale même si je suis débordé au niveau boulot.<br /> <br /> <br /> Bisous à tous les millons<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> salut benoit,<br /> <br /> <br /> Toujours sympa et interressants tes articles, surtout le dernier. J'attends la suite av impatience. <br /> <br /> <br /> Gros bisous et bon courage jsukà Noël<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Coucou soeurette,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> ça va arriver, d=faut savoir être patient.<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Hello Benoît, je constate que tout ce passe bien. Super intéressant tes articles! j'attends les suites avec plaisir.<br /> <br /> <br /> ciao<br /> <br /> <br /> ton "vieux cousin belge"<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Salut mon vieux cousin belge (vu que nous avons le même age, je peux y aller)<br /> <br /> <br /> je suis content que cela te plaise.<br /> <br /> <br /> Fais un gros bisou de ma part à tes parents et à tes soeurs.<br /> <br /> <br /> Benoît<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Bonjour Benoit,<br /> <br /> <br /> Je comprends maintenant pk St Martin de Ré est jumellée avec St. Laurent du Maroni... nos ancètres bagnards y sont pour quelque chose.....<br /> <br /> <br /> Cela fait plaisir que les filles et Cathy aient appréciées leur court séjour en immersion  et cela leur donne une réelle idée de leur futur vie Guyanaise dans quelques mois. Et que Juju<br /> mange bcp de citrons, cela finira par dégoûter les vilaines bestioles qui semblent s'acharner sur elle....lol<br /> <br /> <br /> On attend tjrs avec plaisir l'arrivée de nouveaux cours d'histoire et géographie  car il est certain que nous n'en avons pas fait une overdose durant notre scolarité passée les DOM étant<br /> très et trop  souvent négligés voir ignoré des programmes.<br /> <br /> <br /> Alors apprendre encore maintenant, c'est super sympa surtout que cela reste notre pays après tout.<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse et à bientôt de te relire.<br /> <br /> <br /> Anne<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Pour les citrons je ne connaissais pas, je connaissais le savon de marseille qui éloigne parait il ces charmentes bébêtes, je vais d'ailleurs commencer à l'utiliser car il semblerait que la<br /> saison des pluies commence.<br /> <br /> <br /> Bon, faut relativiser, il fait toujours 30° mais ça mouille quand même.<br /> <br /> <br /> Les cours de géo et d'histoire vont reprendre, faut pas s'inquiéter.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />